Au début

Au début, il y avait
Les enfants sages
Des genoux écorchés
Des bacs à sable
Des ballons pour les jeux
Les grandes batailles

Au début, il y avait
De beaux corsages
Quelques baisers volés
Lors des voyages
Des regards éperdus
Dans les nuages

Au début, il y avait
Des ongles sales
Et parfois des regrets
Au fond des salles
Où murmuraient sans joie
Ceux qui déraillent

Mais il manque à l’appel
Certains visages
Qui grimaçaient parfois
Avant l’orage
Et faisaient les idiots
Le reste du temps

Mais il manque à l’appel
Quelques amours
Souvent vite oubliées
Et sans détour
Pour chasser la tristesse
Au firmament

Au début, il y avait
Les enfants sages
Des innocents rêveurs
Assis en classe
Qui regardaient dehors
La vie qui passe

Au début, il y avait
Quelques passages
Des portes dérobées
Puis des couloirs
Mais très vite arrivaient
Les murs des impasses

Au début, il y avait
Des fils d’espoirs
Que des lames affûtées
Ont sectionné
Et ils sont tous tombés
Dans ces trous noirs

Mais il manque à l’appel
Tous les souvenirs
De ces gosses errants
Sans avenir
Les dents blanches brillantes
Et leur sourire

Mais il manque à l’appel
Ces nuits sans lune
Où les ventres inquiets
Portent les lacunes
D’une vie de regrets
Et d’infortune

Et maintenant, il y a
Dans ces abîmes
Des voix et des lueurs
Qui étourdissent
Qui portent leurs ardeurs
Haut vers les cimes

Et maintenant, il y a
Bien au-delà
Des discours affligeant
Ceux qui s’embrassent
Et donnent à leurs baisers
Un peu d’audace

Et maintenant, il y a
Les enfants sages